Jusqu’à il y a quelques années, la greffe de cheveux était non seulement taboue, mais réservée à quelques “initiés”. De plus, les résultats des premières greffes de cheveux n’étaient pas vraiment à la hauteur : on se souvient non sans mal de ces fameux “champs de poireau” ou “cheveux de poupées”…
Mais les techniques ont évolué, et les célébrités ont donc sauté le pas, et ont même osé en parler ! De tabous, les implants capillaires sont désormais tendance et se sont largement démocratisés.
Perdre ses cheveux n’est jamais une partie de plaisir. Certains l’assument totalement, une autre partie à moitié, et enfin nombreux sont ceux qui en souffrent… et qui cherchent, tout naturellement, des solutions. Dont la greffe de cheveux, qui est aujourd’hui la seule solution pour retrouver une chevelure dense.
Greffe de cheveux : un marché juteux
Avec près d’un homme sur 2 à 50 ans sujet à la calvitie, et des hommes de plus en plus jeunes qui en souffrent (dès 20/25 ans), le marché est colossal.
Et si vous vous y êtes intéressé, vous n’avez pas pu passer à côté des innombrables publicités proposant une greffe de cheveux bon marché ou pas chère, à l’étranger, et en Turquie notamment.
Il va de soi qu’une clinique ou un chirurgien français ne peuvent pas rivaliser avec de tels tarifs, et si tel était le cas, ce serait forcément au détriment de la qualité, et donc du patient.
Mais avant de parler des dangers de greffes “pas chères”, commençons par comprendre également la psychologie d’une personne qui perd ses cheveux.
Un marketing bien ciblé
Car il est bien là le cœur du problème…
Imaginons que vous commenciez à perdre vos cheveux, et qu’en prime, vous soyez assez jeune. Vous commencez à avoir l’impression que votre front s’agrandit, que vos tempes se creusent, que vos cheveux s’affinent. Vous entrevoyez presque votre crâne sous la lumière. Vous comparez d’anciennes photos, cela ne fait aucun doute.
Bien souvent, cette perte de cheveux, aussi imperceptible qu’elle soit en réalité à ses débuts, atteint votre confiance en vous. Et ce n’est pas toujours votre entourage qui va vous aider ! Blagues plus ou moins drôles en tout genre peuvent vous blesser et surtout vous amener à vous focaliser sur le problème. Cela peut vous poser problème vis-à-vis de vos collègues, dans votre sphère sociale mais aussi dans l’intimité. Les études montrent que les personnes chauves sont perçues comme plus âgées qu’elles ne le sont, voire moins attirantes pour le sexe opposé. En bref, ça peut sérieusement atteindre votre santé mentale !
On comprend donc mieux pourquoi certains craquent pour les publicités (et donc du marketing bien ciblé grâce aux “cookies” que vous emmagasinez à force de faire des recherches sur la greffe capillaire) qui vendent du rêve, et pour pas cher en plus ! Il faut l’avouer, nous sommes souvent à la recherche de la bonne affaire : chaussures, vêtements, voitures…
Qui n’a pas envie de faire des économies ? Mais est-ce que cette approche est la bonne en matière de greffe capillaire ?
La greffe de cheveux : c’est complexe
En plus, bien que de plus en plus renseignés, les futurs patients ne connaissent pas tous les rouages de la greffe de cheveux, ses spécificités et ses nombreuses complexités. Et pour cause : qui peut prétendre connaître les détails techniques d’une chirurgie esthétique ou de la mise en place d’un bridge dentaire s’il n’est pas lui-même expert en la matière ? Bien que ‘non-invasive’ avec la technique FUE, et de plus en plus pratiquée, la greffe de cheveux n’en reste pas moins une procédure médicale.
« Personne ne devrait se dire qu’une intervention de chirurgie esthétique, soit mineure soit-elle, n’est pas de la chirurgie, car des décisions médicales doivent être prises en permanence pendant les procédés cosmétiques et qu’un certain type de médicament est administré au patient et doit donc être surveillé, et dans certains cas ajustés, pendant l’intervention », a déclaré Sharon A. Keene, docteur en médecine, membre du Comité exécutif de l’ISHRS.
Elle est issue d’un diagnostic précis, viable et réaliste sur le long terme et tout un tas de facteurs entrent en compte, qui vont bien au-delà du nombre de greffons qu’on va vous implanter et du prix de la greffe de cheveux.
En 2016, la Société internationale de chirurgie de restauration capillaire (ISHRS) mettait déjà en garde contre les techniciens (soit un personnel non médical) qui alimentent un véritable marché noir des greffes de cheveux.
Des centres qui travaillent à la chaîne
Attention, même si Kapich est un site web français et que nous aimons valoriser le savoir-faire français, les chirurgiens émérites à l’étranger existent ! Et heureusement ! Mais en réalité, ceux-là pratiquent des prix qui ne sont finalement pas si éloignés de ceux pratiqués en France. Les locaux le savent. Et si vous vous rendez en Turquie dans ces centres “low cost”, étonnamment, il y a beaucoup d’étrangers.
Tout simplement parce que ces centres ciblent volontairement les étrangers, via des campagnes publicitaires alléchantes et jouent sur le prix en faisant miroiter des résultats incroyables, tout en profitant de leur méconnaissance du sujet. Du pur tourisme médical dont les but est, vous l’aurez deviné, le profit.
Quels sont les problèmes principaux des greffes low cost ? En voici 5 principaux :
Réaliser une greffe de cheveux pas chère comporte un certain nombre de risques allant d’un résultat peu ou pas du tout satisfaisant, voire d’une greffe de cheveux ratée, l’impossibilité de faire une retouche et même connaître des complications parfois graves : infections, nécroses, etc.
Pourquoi ? En voici 6 raisons :
#1 Une mauvaise évaluation du nombre de greffons
Plus on vous greffe de cheveux, mieux c’est ? C’est faux ! Or les centre low cost vendent au nombre de cheveux. Plus ils en vendent, plus la greffe est “chère”. Et le patient de son côté semble ravi ! Mais selon la taille de la zone dégarnie, de la nature de vos cheveux, vous n’avez peut-être pas besoin d’autant de cheveux. En outre, un prélèvement en trop grand nombre peut réellement empêcher une bonne cicatrisation. Et si ce prélèvement est fait de façon agressive pour vos greffons (rapide, avec un personnel mal ou peu formé), le risque de transsection d’une partie ou de la totalité des greffons augmente. Et avec lui, c’est le taux de repousse qui baisse. Autrement dit, on vous prélève des greffons mais seulement une partie d’entre eux vont repousser.
Enfin, il faut prendre en considération un autre facteur, bien souvent oublié de ces interventions en “one shot” : la gestion de votre zone donneuse.
#2 Une gestion hasardeuse, voire désastreuse, de votre zone donneuse
Qu’on se le dise : la zone donneuse ne se régénère pas. Vous partez avec un capital, et c’est le vôtre. Il faudra faire avec. Le travail du chirurgien est d’évaluer la capacité de votre zone donneuse – qui est loin d’être la même pour tous –, vos besoins en matière de greffons pour obtenir un résultat à la hauteur de vos espérances, et vous proposer un plan de traitement en conséquence. C’est encore plus le cas lorsque vous êtes jeune ! Il est très probable que vous ayez besoin d’une autre greffe un jour. Et si votre zone donneuse a été pillée, maltraitée, qu’elle a également mal cicatrisé, cela sera impossible.
#3 Des protocoles non standardisés
Dans ces centres, vous n’allez pas voir un médecin en particulier. Concrètement, vous ne savez vraiment qui va vous opérer. D’autant qu’une partie de l’intervention (bien souvent le retrait des follicules une fois que le carottage a eu lieu, puis l’implantation) est réalisée par des technicien(ne)s. Même si un ami à vous a fait sa greffe dans cet établissement et qu’à priori il en est satisfait, il n’y a aucun moyen de savoir si ce sera le cas pour vous.
#4 Un personnel non médical
La logique de baisse des coûts, se ressent aussi au niveau du personnel : car même si l’on est en Turquie, un personnel soignant médical formé et expérimenté, cela se paye. Ainsi, pour pouvoir proposer des greffes si peu chères, il faut non seulement aller vite mais embaucher un personnel qui coûte peu d’argent. Bien souvent, les technicien(ne)s chargés de vous implanter n’ont aucune formation médicale.
#5 Le manque de transparence
…Sur le nombre de greffons extraits, le taux de transsection, le nombre implantés, les outils utilisés, la formation du personnel… Qui fait l’anesthésie ? Qui prélève ? Qui va m’implanter ? Comment ? Autant de questions souvent éludées, le patient étant obnubilé par le prix défiant toute concurrence et le nombre annoncé de greffons qu’on va lui transplanter.
#6 Le manque de suivi
Dans la majorité des cas, les suites d’une greffe de cheveux en FUE sont simples. Mais comme toute intervention médicale, elle comporte des effets secondaires, des risques et des complications. En plus, la greffe de cheveux prend du temps : la repousse est lente et cette lenteur peut entraîner des inquiétudes. Comme évoqué plus haut, la cicatrisation est primordiale. Si on a beaucoup puisé dans votre zone donneuse, la cicatrisation peut être plus compliquée. Si vous n’avez pas arrêté de fumer également.
En outre, que faire si les conditions d’hygiène et de salubrité n’ont pas été respectées là où vous avez réalisé votre greffe ? Que faire si vous avez des questions ? Des inquiétudes ? Que vous avez une infection ?
Un grand nombre de patients se tournent, désespérés, vers des praticiens français, qui hélas, ne peuvent pas faire grand-chose : ils ne connaissent pas vos antécédents ni les détails de votre intervention.
Voilà pourquoi le suivi en greffe de cheveux est essentiel : un praticien sérieux demande à vous revoir et se tient à votre disposition à tout moment. Et il faut que vous puissiez de votre côté vous rendre facilement sur place.
Et vous, avez-vous réalisé une greffe de cheveux à l’étranger ? Comptez-vous le faire ? Pour quelles raisons ? Dites-nous tout dans les commentaires.